Un projet père & fils de longue date qui commence à se concrétiser : rééquiper « La Facile », une voie ouverte par ce cher Livanos, de passage dans le massif voisin de Saint-Péray il y a environ une soixantaine d’années. Cet itinéraire (et de nombreux autres) avait été réouvert/rééquipé à la fin des années 1970 par les scouts de Crussol, et notamment par le tonton Pierrot et son compagnon de cordée Alain Robert qui deviendra plus tard le spiderman français. Lolo y avait mis les pieds à l’époque, et ça fait quelques temps que la réouverture de cette voie nous occupe l’esprit.
À noter : l’équipement des voies dont il est question se déroule sur une falaise « sauvage » et non sur un site sportif. C’est du « terrain d’aventure ». Ce n’est absolument pas un site d’escalade officiel et il n’y a aucune chance que cela le devienne. L’équipement est light et ce travail a pour but de retracer un itinéraire historique du massif afin de permettre à quelques amis de s’y aventurer.
Nous y sommes donc allés dimanche 19 décembre 2021, après un repérage photo rapide une semaine avant. Autant le dire de suite : je suis néophyte en matière d’équipement de voies. Cela dit, j’ai été biberonné aux récits d’escalade depuis tout petit et j’aime beaucoup me documenter à fond avant d’entreprendre quelque chose. C’est pas forcément une assurance tout-risque, mais ça aide à déjà ne pas commettre de faux-pas irrattrapable. Soyons humbles : ce qui suit n’est sûrement pas la meilleure façon de faire, c’est tout simplement l’option que nous avons choisie.
Je suis donc parti de la crête pour un rappel de 55m sur corde à double pour explorer l’itinéraire, depuis un gros chêne perché au bord de la falaise. Pour ne pas prendre trop de risque concernant la résistance de cet arbre, ce rappel était contre-assuré par Lolo depuis un autre arbre, sur une corde à simple de 70m. Pendant toute l’opération, Bibi est postée pour immortaliser tout ça et permettre de mettre des images sur ce petit compte-rendu.
Lors du rappel, je commence un peu à débroussailler (beaucoup mais vraiment pas suffisamment) et j’arrive rapidement plus bas, au niveau d’un vieux relai que nous avions vu précédemment lors des séances de repérage.
Arrivé à ce relai rouillé de chez rouillé, je pose deux plaquettes sur goujons de 10 pour monter un relai un peu plus costaud. Un grand merci à Éric Rothenbusch pour nous avoir prêté son perfo.
Ensuite, c’est descente vers le bas de la falaise, tout en posant quelques plaquettes, ce qui permettra de déclarer (officieusement, car nous sommes sur un terrain d’aventure où l’escalade n’est pas encadrée) la première longueur comme étant à peu près rééquipée. Sur le chemin de la descente, je croise deux vieux pitons, et pose 4 plaquettes. On est bon pour la première longueur.
Une fois en bas, je remonte, assuré du haut. C’est à partir du relai intermédiaire que je me rend compte que la voie est un peu plus difficile que ce que je pensais, d’autant plus que je suis en baskets !
Je prends un peu vite la décision de partir droit dans la dalle, malgré le fait que je n’ai pas mes chaussons, et alors que le passage à droite a l’air bien plus simple, même s’il est plein d’arbustes et qu’il amène forcément beaucoup plus de tirage de corde.
Avec tout le matos d’équipement et mes chaussures pas suffisamment techniques pour mon faible niveau, je me lance dans un truc un poil trop costaud et je galère. Un grand merci à la branche d’arbre salvatrice et aux cordes sur lesquelles je tire à plusieurs reprises…
(cliquer pour voir les photos entièrement)
Contrairement à ce que j’avais prévu, je suis trop limite pour pouvoir poser des points à la remontée. Je me contente donc de rejoindre le haut de la voie du mieux que je peux, ce qui n’est pas très glorieux en termes de style d’escalade.
Mais ce n’est finalement pas plus mal dans la mesure où je ne me trouvais en réalité pas dans la bonne voie… j’aurais donc forcément mal posé mes points, sur une voie qui méritera d’être ouverte à son tour le temps voulu…
Débriefing et next steps
Au final, en recoupant diverses informations et les photos que nous avons prises, il s’avère qu’à partir du relai, je ne suis probablement pas passé par la Facile de Livanos, mais plutôt par la (voie) Directe, clairement un niveau au dessus, ce qui explique les grandes difficultés rencontrées, même en chaussures et avec le sac.
À partir du nouveau relai que j’ai posé, j’ai suivi la Directe au lieu de contourner le buisson par la droite, ce qui m’a conduit à nécessairement passer par la dalle puis le dièdre, autrement plus compliqués à gérer que le contournement sans doute prévu par la Facile.
D’ailleurs, j’ai pu découvrir que ce contournement passe par un autre relai intermédiaire équipé de deux pitons et d’une plaquette, témoignage des différentes époques qui se sont suivies sur cet itinéraire.
Autre enseignement important : il est inutile et dangereux de vouloir passer par l’itinéraire de La Facile tant que celui-ci n’aura pas été complètement nettoyé. Il reste quelques blocs à faire péter et surtout beaucoup de buissons à débroussailler.
Prochaines étapes :
- Redescendre en rappel pour débroussailler et équiper la seconde longueur de la Facile. 5 à 6 goujons seront nécessaires.
- Descendre en bas de la voie et la répéter à deux en cordée depuis le bas.
- Ouvrir un chemin d’accès au pied des voies à peu près pratiquable avec tout le matos (c’est déjà plus ou moins le cas)
- Commencer à réfléchir à l’équipement de la Directe (tracé rouge sur le topo provisoire ci-dessus) puis de la Directissime (départ en pointillé), non répertoriée sur les anciens topos d’époque mais forcément explorée par ces chers amis qui ont trainé leurs chaussons à l’époque sur les falaises de ce massif…